Par Jacques Garello.
Après les élections législatives, peut-être serait-il temps de réaliser que notre sort dépend essentiellement du reste du monde. Bonne ou mauvaise, économique ou politique, la mondialisation est un fait incontestable.
Les rencontres internationales qui se sont succédé récemment l’ont prouvé, puisque les chefs d’État se sont séparés sur la conduite à tenir face à une double épidémie : la peste verte et la peste rouge. Deux personnes portent la responsabilité de cette division : Donald Trump et Vladimir Poutine. Réchauffement de la planète ? Réchauffement de la guerre froide ? De quoi en avoir des frissons…
Fidèle à ses engagements électoraux (au moins sur ce point), Donald Trump a déchiré le traité de la COP 21 signé par Obama à Paris. Il ne veut pas soumettre sa nation au diktat des Verts. On comprend que c’est l’intérêt de millions d’Américains, qui tirent croissance et emplois d’une industrie heureusement relancée par les gisements de gaz naturel et la baisse du prix du pétrole. Mais les écologistes de tous bords l’accusent aussi de mettre la planète en péril.
Halte à la croissance
Et, de plus en plus, la croissance économique et le système marchand qui la supportent sont désignés à la vindicte populaire. Nous voici revenus au « Halte à la Croissance » du Club de Rome, du rapport Meadows des années 1970. C’est ce que mon ami Gérard Bramoullé avait baptisé « la peste verte » dans un ouvrage percutant. C’est ce qu’a dénoncé Vaclav Klaus, avec « Planète bleue en péril vert » que j’ai préfacé en 2009.
La peste verte est le résultat d’un vrai montage politique imaginé par la peste rouge. Elle a un succès inimaginable parce qu’elle exploite et l’erreur et la peur. Erreur sur les réalités environnementales, erreur sur les capacités humaines.
Le réchauffement de la planète n’est pas une nouveauté, les catastrophes annoncées sont grossies à l’extrême, et surtout il n’est pas prouvé du tout que les activités humaines (et en particulier la croissance économique) y soient pour quelque chose, les caprices solaires sont peut-être aussi à l’origine des dérèglements actuels.
L’homme comme ressource
Par ailleurs, les malthusiens de toutes confessions sous-estiment la capacité des hommes à relever les défis en apparence sans réponse : les ressources « naturelles » sont en fait le résultat de cette ultime ressource qu’est l’homme lui-même (Julian Simon).
Le cardinal Tuckson vient de rappeler que la terre est le jardin que Dieu a confié à l’homme, mais alors pourquoi douter de l’intelligence et de la créativité des êtres humains, pourtant créés à l’image de Dieu ? C’est que la peur envahit les esprits, et les prophètes de malheur ont toujours eu un grand succès, les médias ne s’intéressent qu’aux catastrophes réelles ou supposées.
Le respect de l’histoire contemporaine devrait pourtant rappeler que les attaques contre la croissance et le commerce Nord-Sud viennent de loin : Rosa Luxembourg et Lénine avec la théorie de l’impérialisme, mais surtout la conférence de Rio en 1992 qui lance le concept de « développement durable » en même temps qu’elle dénonce la mondialisation capitaliste.
L’écologie politique, nouvelle peste marxiste
C’est que la peste rouge venait d’être éradiquée grâce à Jean-Paul II et Reagan, le mur de Berlin venait de tomber et l’Union Soviétique était dissoute en même temps que le Parti Communiste d’URSS. L’écologie politique n’est que la résurgence de la peste marxiste. Rien d’étonnant que son avocat le plus talentueux soit chez nous Mélenchon, mais étonnant de voir la droite, le centre et bien sûr la gauche chanter la gloire de la COP 21 et Emmanuel Macron promouvoir Nicolas Hulot au deuxième rang du gouvernement.
La question est maintenant de savoir si la peste rouge n’est pas aussi en train de reprendre vigueur à partir du Kremlin. Poutine est nouveau tsar, et comme Staline, il veut reconstituer la plus grande Russie possible. Dans ces conditions, l’OTAN doit-elle être réactivée et réorganisée ?
Le talon d’Achille de l’Otan
À juste titre s’inquiètent Polonais, Baltes, Géorgiens et bien sûr Ukrainiens. Mais l’OTAN a désormais son talon d’Achille : la Turquie d’Erdogan. Poutine et Erdogan font maintenant cause commune au Moyen Orient. En est-on au point de réanimer une guerre froide, voire d’envisager l’horreur d’une nouvelle guerre nécessairement mondiale ? Ou serait-ce à dire qu’il faut introduire dans l’analyse géopolitique le péril noir du totalitarisme islamique, qui déplacerait désormais les lignes de la diplomatie mondiale ?
Les réponses à ces questions ne sont évidemment pas à attendre de l’ONU, qui a montré ses erreurs et son impuissance. Sont-elles du côté de l’Europe — mais quelle Europe, celle de la chancelière ou d’un hypothétique axe Berlin-Paris ?
Pour nous rassurer il y a une réalité et un espoir : le libre-échange est facteur de paix. Tant que les peuples sont libres de leurs mouvements, de leur commerce, de leurs investissements, rien n’est perdu, et leurs dirigeants sont obligés de composer. C’est au contraire la démagogie souverainiste, nationaliste et protectionniste qui mène aux conflits.
L’équilibre de la terreur est une garantie fragile, il vaut mieux miser sur l’harmonie dans la liberté. Pour assurer la paix, il faut mesurer la peste verte, la peste rouge et la peste noire, au lieu de s’en faire les complices.
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Cet article Réchauffement de la planète et réchauffement de la guerre froide est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne