Signé officiellement le 22 avril dernier à New-York et ratifié par la France au mois de juin, l’accord de Paris engageant les 195 pays membres de la CCNUCC à maintenir le réchauffement au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, a fêté le mois dernier ses six mois d’existence, mais peine toujours à se décliner en un plan d’action crédible pour le climat.
Par Roland Bertier.
Le processus de ratification n’avance guère et si des engagements ont bien été pris, dans les faits, la situation semble autrement plus compliquée et de nombreux projets restent bloqués par des politiques nationales inadaptées ou trop timorées.
COP21 : le temps de l’action
Compte tenu d’une actualité internationale dense faite de terrorisme, de crises migratoires et de difficultés économiques, il est aujourd’hui difficile pour le gouvernement français et sa ministre de l’Environnement Ségolène Royal de maintenir le niveau de mobilisation atteint durant les négociations de l’accord en décembre dernier à Paris.
Plusieurs grands chantiers initiés lors de la COP21 comme l’alliance solaire internationale promue par l’Inde, les investissements du secteur privé dans l’économie « bas carbone » et l’initiative de 10 milliards d’euros en faveur des énergies renouvelables en Afrique, restent à l’état de simples projets et nécessiteront certainement un nouvel élan pour se concrétiser.
Pour autant et malgré les difficultés rencontrées, certains secteurs d’activité tirent tout de même les premiers bénéfices des engagements pris lors de la COP21. Les investissements dans les énergies renouvelables à l’échelle internationale progressent de manière continue, notamment dans les pays émergents ou en voie de développement, et de gros poids lourds comme la Chine ou l’Inde font état de nouvelles ambitions prometteuses dans le développement de systèmes énergétiques plus durables.
L’énergie nucléaire revient elle aussi sur le devant de la scène et se pose désormais comme une alternative décarbonée valable pour se substituer aux combustibles fossiles les plus polluants et accompagner la maturation technologique des énergies intermittentes éolienne ou solaire.
Regroupés à l’occasion de la seconde édition du World Nuclear Exhibition organisée au Bourget du 28 au 30 juin dernier, les principaux acteurs de la filière nucléaire française ont tenu à rappeler dans ce contexte, les atouts de l’atome dans la lutte contre le changement climatique.
Aux côtés de ces énergies décarbonées indispensables à la réduction des émissions de CO2, le développement de l’efficacité énergétique et des smart cities, est également présenté comme un des concepts les plus prometteurs en cette période post-COP21. Les chefs d’État ne sont pas les seuls à pouvoir agir.
Les citoyens bien sûr, mais aussi les entreprises, sont des acteurs importants des écosystèmes urbains, et doivent impulser l’avènement de modèles d’agglomérations plus responsables, basés sur une faible empreinte carbone, une autonomie énergétique, une économie circulaire, une protection de la ressource en eau, la reconquête de la biodiversité, une mixité fonctionnelle et sociale et une participation citoyenne.
« Smart cities » : les villes aussi luttent pour le climat
La COP 21 entend donc nous emmener vers un avenir plus propre et plus responsable et pour ce faire, de nouvelles infrastructures doivent se mettre en place. Des réseaux intelligents ou smart grids, à l’intérieur desquels l’informatique, la domotique, l’internet des objets, vont permettre de réguler la consommation énergétique et de mieux intégrer les productions d’énergie renouvelable.
La ville intelligente de demain devra concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens dans le respect de l’environnement et du climat.
Les villes actuelles devront développer de nouveaux services performants dans des domaines aussi variés que le transport et la mobilité électrique, l’environnement durable, l’urbanisation responsable et l’habitat intelligent.
Cette tendance parfois critiquée pour son manque de visibilité quant aux impacts socio-économiques réels des projets (pouvant expliquer l’hésitation des décideurs publics et des communes à se lancer) propose déjà des résultats très prometteurs dans le cadre de plusieurs expérimentations mises en place dans l’Hexagone.
Les projets de smart grids opérés à Lyon, à Nice, à Montpellier ou à Issy-les-Moulineaux par exemple ont tous fait leurs preuves et encouragé d’autres projets similaires. On peut citer ici la mise en place dans le quartier de la Confluence à Lyon, d’une plateforme numérique permettant une optimisation de toutes les ressources (énergie, eau, transport…) baptisée Lyon Living Lab, la rénovation d’un quartier visant l’autonomie énergétique à Mouvaux (Nord) ou encore la création d’une écocité à Marseille dans le cadre du projet Smartseille emmené par la ville de Marseille, le groupe EDF, Orange et Eiffage Développement Durable.
Sur le plan international, le développement de ces technologies sera également mis à l’honneur une nouvelle fois lors du prochain grand rendez-vous pour le climat organisé à Astana au Kazakhstan dans le cadre de l’exposition internationale Astana Expo-2017.
Le Projet Smart City Astana sera présenté lors du salon avec l’ambition de faire de la capitale Kazakhe l’une des 50 villes intelligentes les plus importantes au monde. De manière plus générale, le Kazakhstan proposera ici une édition de l’exposition mondiale entièrement consacrée à l’innovation et aux énergies du futur, et abordera des questions cruciales pour notre environnement comme la réduction des gaz à effet de serre, l’efficacité énergétique ou l’accès universel à l’énergie.
Cet article Accord climatique : où en est-on six mois après la COP21 ? est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne