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Climathon, semaine 42 : les plus belles heures sombres

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Par Benoît Rittaud.
(et le jury du Climathon)

So true we had enough credits Nicholas Komodore (CC BY-NC-SA 2.0)

So true we had enough credits Nicholas Komodore (CC BY-NC-SA 2.0)

Avec le licenciement pressenti de Philippe Verdier pour opinion climatiquement non conforme, France Télévisions a sans doute pris date pour une victoire prochaine au Climathon. En attendant la joie de voir un journaliste du service public viré pour avoir écrit un livre, des compétiteurs se sont rués sur l’occasion pour briller, se livrant à une campagne de délation qu’on n’avait pas vue depuis les plus belles heures du siècle dernier. C’est dans ce joli registre que s’impose notre vainqueur, nous avons nommé…

… Audrey Garric. Cette journaliste qui officie aux si justement célèbres pages « Planète » du Monde se pourlèche d’avance les babines à l’idée que l’un de ses confrères se retrouve prochainement sur le carreau. Son courrier de dénonciation adressé à la Kommandantur tweet bien senti montre un état d’esprit remarquable de solidarité confraternelle dans la droite ligne de la nécessaire soumission au pouvoir en place à l’approche de la COP21.

TweetAudreyGarric

La délation entre collègues est le signe le plus sûr de la bonne moralité climatique. Espérons tous qu’Audrey Garric sera récompensée comme il convient par le pouvoir, que les innombrables très rares critiques (sûrement téléguidées par les lobbys) que son tweet a reçu seront livrés comme il se doit à la justice climatique, et que…

… désolé, mais même le jury du Climathon n’y arrive plus. Nous parlons là d’une vraie personne. Son prénom est Philippe. Son nom est Verdier. Il exerce la profession de journaliste météo. Il va peut-être se retrouver au chômage pour avoir exprimé une opinion jugée non-conforme par un média public. Ce média a fait fi de la séparation des pouvoirs en choisissant de promouvoir sans vergogne la communication gouvernementale pré-COP21. Ceux qui peuvent concevoir le drame du déclassement que risque Philippe Verdier comprendront qu’il est difficile d’en rire comme on rit d’une injure imbécile de Nathalie Kosciusko-Morizet, d’une photo ridicule de Jean Jouzel ou de propos délirants sur les tremblements de terre causés par le réchauffement climatique (© François Hollande). Si ce n’est déjà fait, merci de signer la pétition de soutien à Philippe Verdier. Voilà, c’est dit. Maintenant, reprenons – même si le cœur n’y est pas tout à fait.

Les accessits

Tous n’y sont pas parvenus, mais le climatonégationniste mangeur de planète qu’est István Markó n’est désormais plus le seul à avoir lu les propos de Sylvestre Huet dans Libération : l’un des membres au moins du jury du Climathon a lui aussi eu ce courage.

L’article qui obtient l’accessit part du constat que l’approche de la COP 21 est hélas l’occasion pour les pseudos « pourfendeurs des réchauffistes » d’exhaler leur discours méphitique ; dans ce texte particulièrement ordurier au ton humoristique subtilement intitulé « Climat, une bonne dose d’antisceptique »Libération remet donc à leur place les « négationnistes climatiques ».

Il s’agit dans un premier temps de les disqualifier par les mots : « quotidien conservateur britannique » ; « invité des Grandes Gueules sur RMC » ; « surtout aux États-Unis » ; « Oregon Petition qui demandait à George Bush », « Jeb Bush » ; « spécialiste en paléomagnétisme » ; « Monsieur météo » ; « maître de conférences en maths » (on ne sait plus écrire « mathématiques », à Libération ? Ah, mais non, pardon : il s’agissait sans doute d’être cool) ; « professeur de chimie à l’Université catholique » ; « pour toi donc, la Terre n’est pas ronde » (la coolitude à la mode Libération : tutoyer ceux qu’on injurie).

L’article ne manque pas d’effectuer les amalgames les plus ignobles de rappeler la réalité des motivations des négationnistes : « une poignée d’autoproclamés spécialistes jouant les marchands de doute (© Naomi Oreskes), parfois financés par les lobbys ».

Puis on passe aux choses sérieuses, en ridiculisant les paroles les plus obscènes de cet attelage hétéroclite constitué de scientifiques dévoyés (dont les domaines de recherche sont si tristement éloignés de la Très Sainte Climatologie, cette Reine des Sciences qui est aussi Fille aînée de l’ONU), de politiciens anglo-saxons ultra-turbo-néo-libéraux, d’un philosophe néoconservateur, et d’un vulgaire présentateur météo, traître à la Cause, qui risque de perdre son emploi pour avoir écrit un livre et ose malgré tout « se pose[r] en victime d’une cabale ».

Les réponses cinglantes apportées par les auteurs de l’article sont particulièrement drolatiques. Utilisant parfois ce tutoiement familier qui renvoie opportunément les négationnistes à leur état de sales gosses mal élevés, ces réponses sont alternativement signées du « cothurne » d’un des conjurés, des bouées marines ou des oiseaux migrateurs. Nul doute que ces implacables critiques soutenues par des arguments officiels et incontestables chasseront ces ennemis de la Science, de l’Homme et de la Planète jusqu’à leur cloaque immonde dont seul Belzébuth avait su les sortir.

Un point inquiète pourtant le jury : en faisant à ces diaboliques créatures l’honneur de leur répondre, Libération offre indirectement à ces obscurs pseudo-scientifiques, politiciens en quête de pouvoir et autre renégats à la Cause, une tribune et une notoriété à laquelle ils n’auraient pas dû pouvoir prétendre. Le jury s’en remet tout de même au Jugement de l’excellent Sylvestre Huet, co-auteur de cet article, dont la Clairvoyance et la Sagesse sont au-dessus de tout soupçon.

Les climato-réalistes de la région nantaise avaient réussi, grâce à de sombres manœuvres, à disposer d’une tribune pour diffuser des informations non-conformistes et leur détestable parole de mécréants climatiques lors d’une conférence au Croisic, à laquelle ils avaient réussi à s’inscrire en tant que conférenciers. Cette conférence était organisée par de vertueux disciples du Commandeur des Croyants, de l’apôtre Laurent Fabius, et de la grande prêtresse Ségo, afin de bourrer le crâne d’informer leurs concitoyens avec toute l’objectivité dont ils font régulièrement preuve. Heureusement, les organisateurs se sont rendu compte du péril en lisant le résumé du texte de l’intervention des mécréants qui voulaient désinformer les citoyens sur le chauffement le dérèglement la catastrophe climatique, leur faire croire que les modèles numériques auraient quelques soucis avec la réalité, et même, horreur suprême, que le CO2, gaz de la vie, n’est en aucun cas un polluant. Les gardiens du temple ont donc agi promptement, en respectant, comme il se doit, le cadre ordinaire de la liberté d’expression : celle-ci est totale tant qu’elle n’est pas en désaccord avec la Sainte Parole de l’Église Réchauffiste. En conséquence, la participation des infâmes a été promptement annulée. Ouf ! La Vérité révélée a eu chaud.

Devant l’enthousiasme très tiède montré par nos concitoyens à l’approche de la COP21, les médias commencent à craindre un désastre. Il faut donc trouver des coupables ! Après le lynchage de Philippe Verdier en guise d’apéritif, les médias s’en prennent maintenant au GIEC lui-même. Ils semblent ainsi stupéfaits de découvrir que ses résumés à l’attention des décideurs sont tout bonnement incompréhensibles et manquent de lisibilité ! Prise de conscience tardive, car il a fallu qu’une publication dans un journal scientifique, la revue Nature Climate Change, le pointe du doigt. Jusqu’à présent, ni les décideurs en question, ni les journalistes ne s’étaient particulièrement émus de ne rien comprendre à ces résumés. Le syndrome « sans le latin, la messe nous emmerde », sûrement… Le Monde affiche ainsi un rageur « même les textes d’Einstein sont plus limpides que ceux du GIEC », ce qui bien sûr pourrait gravement nuire à la recherche d’un accord en vue de la COP21. Les Échos creusent un peu plus le contenu de cette étude linguistique. On apprend que les informations résumées du GIEC sont relatées « dans des termes de plus en plus pessimistes par la presse qui n’hésiterait pas aller à un ton au-dessus du contenu même des rapports du GIEC ». On apprend également que la presse tabloïde utilise une terminologie nettement plus dramatique, multipliant des expressions comme « désastre », « menace » ou encore « danger », alors que les journaux de qualité sont plus mesurés pour caractériser l’évolution du climat et emploient le terme de « problème » pour les qualifier. Heureusement que tout cela se passe dans le Monde Anglo-Saxon. Mais finalement, on comprend mieux pourquoi le Le Monde n’avait pas été beaucoup plus loin dans l’analyse de cette étude… Une lecture attentive des 41 premiers opus du Climathon donne un aperçu des journaux qui passeraient pour des tabloïds aux yeux des chercheurs. Il faudrait peut-être faire un résumé intelligible de celle-ci à l’attention des décideurs du Monde, de Libération

En mode Saint Thomas, le président français François Hollande a réalisé son pèlerinage sur un des très courus glaciers islandais pour constater de visu les conséquences du réchauffement climatique. Accompagné du Commandeur des Croyants (Nicolas Hulot), le nouvel Hajj a protesté de son ardeur pour la religion climatique : « La foi des convertis est celle qui s’exprime avec le plus de ferveur » a-t-il ainsi asséné. Après une belle photo de circonstance devant le glaçon géant, il a ânonné avec un air martial sa petite phrase mûrement préparée pour la postérité :

« La disparition du glacier, c’est aussi la disparition de l’Histoire. »

Cela ne veut strictement rien dire, certes, mais c’est beau ! D’ailleurs, pris dans le lyrisme ambiant, le journaliste de 20Minutes a vu un glacier « fondant goutte à goutte, à l’œil nu, sur une terre noire parsemée de jeune mousse ». Jamais à une contradiction près, et peut-être pour expier les quelques tonnes de CO2 dégazées par son A330 pour cette occasion, le président a déploré « un tourisme du réchauffement climatique : il ne faut pas que nous soyons les touristes de notre disparition ». Enfin, il s’est livré à une petite démonstration scientifique imparable de nature à confondre les hérétiques : « Pour ceux qui doutent du réchauffement, il faut qu’ils viennent ici. S’il y a une démonstration à faire, elle est faite. » CQFD.

Pour éteindre le début d’incendie allumé par l’affaire Verdier, Les Échos tentent d’allumer un contre-feu en titrant sur « les pseudo-bienfaits » du réchauffement climatique. C’est alors une sidérante accumulation de joyeuses perspectives à attendre de ce réchauffement, du jamais vu de mémoire de lecteur de media mainstream : les rendements de blé ont été excellents cette année, la facture énergétique a baissé de 11% pour les Français cet hiver, les transports maritimes vont être facilités dans le nord, l’industrie touristique a tout à gagner à des étés plus longs et plus chauds, l’extraction des ressources naturelles piégées par le froid sera rendue possible, des céréales pourront pousser dans les hautes latitudes… Heureusement qu’il était annoncé d’entrée que ces pseudo-bienfaits seraient « très minces et de courte durée » ! Les contre-arguments semblent pourtant bien poussifs et surtout limités à l’hémisphère sud où « chaque degré supplémentaire à un impact bien plus négatif ». On frise alors le blâme, d’autant plus que Jean Jouzel semble confirmer ce constat d’un nord futur bénéficiaire du réchauffement et d’un sud en péril :

« On peut réagir de façon égoïste face au réchauffement, mais ça ne réglera pas le problème, qui doit être considéré à une échelle globale. »

Heureusement, Les Échos évitent finalement le goudron et les plumes grâce à la citation opportune d’une récente étude réalisée par une ONG climatique : si nous suivons les engagements de l’Union Européenne à la COP21, cela permettrait d’éviter le décès de 6000 personnes par an et de créer 70 000 emplois. Ouf, nous sommes rassurés. Les Échos n’ont pas perdu le nord, mais décidément, les conséquences du livre de Philippe Verdier n’ont pas fini de nous surprendre…

Marisol Touraine creuse un nouveau sillon dans un registre déjà exploré mais qui nous surprendra toujours : le féminisme climatique. Elle réclame ainsi que la COP21 donne la priorité aux femmes « qui sont en première ligne face au changement climatique », sans qu’on apprenne beaucoup plus sur les causes exactes de cette discrimination genresque. Faut-il donc faire émerger des actions pour protéger les femmes qui subissent de plein fouet les affres du changement climatique ? Que nenni ! Elle appelle à ce que les femmes trustent les bonnes places « participent, au plus haut niveau, au processus de décision » et que les « projets portés par des femmes soient considérés comme prioritaires dans les moyens financiers qui seront dégagés à Paris ». Bien sûr, elle n’a pas de mots assez durs pour vilipender les infâmes pays conservateurs qui n’ont pas voulu intégrer cette question fondamentale dans l’accord. On a quand même de la chance d’avoir de telles progressistes aux manettes.

Un blâme

Un lecteur porte à notre connaissance les faits suivants, qui valent un blâme à l’équipe de la bibliothèque municipale de la ville de Paris :

Lecteur fidèle du Climathon et habitant Paris, je suis impressionné par la constance de l’équipe municipale, et déçu de ne pas la voir citée plus souvent dans vos colonnes, au vu de l’imagination qu’elle déploie au fil des semaines.

Il y a quelques jours cependant, me promenant sur les pages de la nouvelle bibliothèque numérique de la ville, j’ai pu constater une dérive que je me dois de vous signaler. Tout commençait pourtant bien. Sur la page d’accueil, le thème des « enjeux climatiques » est en bonne place :

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Mais quand on regarde plus en détails, la sélection de livres, on s’aperçoit que :

* Sur les 26 ouvrages sélectionnés, non moins de 3 osent remettre en cause l’évidence de la cause humaine. Seuls 23 prêchent donc la bonne parole officielle, soit 88% : on est loin des fameux 97%.

* Pire : dès la première page, on voit apparaître le Mythe climatique :
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En espérant que vous n’en serez pas trop retourné…

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